Conférence
sur rien
un film de
Jean-Jacques Palix et Eve Couturier
à
partir de la conférence Lecture on nothing de
John Cage
traduction et lecture
par Eve Couturier
images de Jean-Jacques
Palix et Marc Petitjean
son de Jean-Jacques Palix
et Eve Couturier
avec les ciels de Paris,
San Diego, Nantes, Marville et L'Isle sur la Sorgue
remerciements à
Dean Inkster et Christophe Wavelet
durée : 52 minutes
Paris - Septembre 2002
Le texte de Lecture
about Nothing, conférence donnée par John Cage en 1950
à l'Artist's Club à New York, reste un événement
incontournable de l'art du XXe siècle. John Cage y livre un exposé
particulièrement lucide sur le statut de l'art de son époque
(ce en quoi, d'ailleurs, il demeure notre contemporain) non sous la forme
proprement dite d'un manifeste mais par l'élaboration d'une réflexion
précise sur notre rapport au sens.
Le texte original de
cette conférence a été édité pour la
première fois en août 1959 dans le recueil Incontri Musicale puis,
en 1961, dans l'ouvrage intitulé Silence.
"Composée" comme
une partition musicale, cette conférence est structurée en
cinq grandes parties, contenant respectivement 7, 6, 14, 14 et 7 unités.
Chaque unité est subdivisée en douze lignes comptant chacune
4 mesures. D'après les indications de John Cage, le texte doit être
lu de manière rythmique, mais sans artifice, avec le rubato utilisé
dans la conversation courante.
"This Lecture
on Nothing was written in the same rythmic structure I employed at the
time in my musical compositions -Sonatas and Interludes,
Three Dances, etc ..." John Cage
Une version sonore de ce texte a été enregistrée en anglais en 1991 par la violoncelliste Frances Marie Uitti pour un double CD, ETCETERA, regroupant des oeuvres pour violoncelle de John Cage.
En 2001, Eve Couturier, encouragée par deux amis historiens d'art, Dean Inkster et Christophe Wavelet, fait une traduction française de ce texte sous le titre Conférence sur rien. Elle l'enregistre au printemps 2002. Conjointement, Jean-Jacques Palix a l'idée de réaliser un film pour accompagner la lecture de cette conférence. Le film est réalisé durant l'été 2002.
Le rythme du film est lent. Il consiste en une suite de plans, longues et lentes ouvertures du blanc aux images et vice-versa - fermetures au blanc -, qui se succèdent ou s'enchaînent par de longs fondus enchaînés ou des montages "cut". Les images sont minimales, nous laissant découvrir des jeux d'ombre et de lumière autour de la couleur blanche, des ciels animés de nuages, des arbres dans le vent... ces longs plans de "silence visuel" portent le texte et son sens.
La bande sonore accompagnant
la voix de la lectrice n'est constituée que d'une rumeur de ville,
sans aucun son réellement identifiable. Ce bruit de fond cher à
la pensée de John Cage est retravaillé au mixage et occupe
l'espace sonore de façon permanente pendant tout le film, y compris
pendant les silences de la lecture.
Jean-Jacques
Palix est compositeur de musiques de scène, découvreur,
compilateur, archiviste, amoureux de musiques rares, chasseur de sons...
Après ses productions et réalisations radicales à
Radio Nova au début des années 80, Il crée, en 1985,
Tapage Atypique. Ce studio indépendant regroupe les activités
de création de bandes son, de programmes musicaux, de compositions
de musiques originales, de conception díenvironnements sonores et de diffusion
du son.
Ses choix portent invariablement
sur les sons générateurs d'émotion, les associations
riches díimages, les effets soigneusement élaborés en fonction
du contexte artistique auquel il collabore: danse contemporaine (notamment
avec Daniel Larrieu, Odile Duboc, Brigitte Farges, Pascale Houbin, Paco
Decina...), arts plastiques (Olivier Agid, Rafaël Gray...), film (Jacques
Renard, Marc Petitjean, Variety Moszynski...), vidéo (Jean-Louis
Le Tacon), spectacles événementiels, mode et haute couture
(Junko Shimada, Lanvin...).
Avec la rencontre díinstrumentistes
venus díhorizons différents - rock, jazz, musique contemporaine
-, il élargit et renforce ses explorations sonores personnelles
de compositeur, díarrangeur et de producteur et crée, en 1992, le
label de disques indépendant Song Active qui repose sur le désir
d'une production ouverte et libre de classifications de genre.
Outre ses nombreuses
compositions actuelles pour le cinéma et la danse contemporaine,
il a enregistré sept albums dont les plus connus sont Premier
Feu, Push Pull et le CD d'Eve Couturier, Un Bruit qui Court,
où sont intervenus David Coulter et Jeff Rian. Son dernier CD, Everglade,
composé avec Jeff Rian, n'est composé que de sons de guitares.
En 1999, à la
suite d'une résidence d'artiste, il produit l'événement "VOCO" à l'école des Beaux-Arts de Nîmes. En 2005,
il dirige le chapitre 7 du "Great Learning" de Cornelius Cardew à l'Ecole régionale
des beaux-arts de Valence.
En 2007, pour la galerie InSitu/Fabienne Leclerc à Paris, il réalise la pièce intitulée 16'33" , rendant hommage à 33 compositeurs du XX éme siècle.
Commissariat de l'exposition "Cornelius Cardew et la liberté de l'écoute" avec Dean Inkster . CAC de Brétigny sur Orge (2009) . Künstlerhaus Stuttgart (2009) . Culturgest in Porto (2010).
2013 : composition du Hörspiel "TPNY Memory" sur un livret de Leyli Daryoush / Création et diffusion sur l'Atelier de la Création de France Culture
Eve Couturier
fait ses débuts à la radio sur France Inter en 1980, dans
l'émission "Les Bleus de la Nuit". Outre l'intérêt
qu'elle porte à l'animation en direct à l'antenne, elle privilégie
très vite l'enregistrement, les reportages, le montage, le mixage,
l'écriture magnétique.
En 1983, elle rejoint
l'équipe de Radio Nova, radio libre perçue alors comme la
plus créative et expérimentale de la bande F.M. Elle produit
et réalise des émissions thématiques dont Le Mur,1er
Prix dans la catégorie "chasseurs de sons" du Festival de la FM
en 1984.
Elle collabore à
France Culture aux émissions " Le Goût du Jour" d'Alain Veinstein
et "Les Nuits Magnétiques" de Laure Adler comme productrice et réalisatrice
déléguée en y réalisant des séries et
des reportages.
Ses rencontres avec des
artistes et des auteurs la conduisent peu à peu à élargir
et développer ces pratiques radiophoniques.
Elle conçoit et
réalise des illustrations sonores pour des spectacles de théâtre.
Depuis 1985, ses chasses
aux sons, collectages de bruits bruts, de matières vocales et de
sonorités particulières apparaissent dans les différentes
productions musicales et sonores du studio Tapage Atypique et du label
de disques Song Active Production, créés avec Jean-Jacques
Palix. Ensemble, ils créent les bandes son de nombreux spectacles
chorégraphiques de Daniel Larrieu et de Brigitte Farges. En 1998,
elle signe les musiques originales "ambient-techno" du spectacle de Daniel
Larrieu, On était si tranquille. Elle collabore comme D.J
et récitante pour des performances de J.J. Palix, d'Olivier Agid
et pour la reprise de la chorégraphie CP/AD (1970) d'Yvonne
Rainer présentée par le Quatuor Knust.
En 1998, elle publie
Un
bruit qui court, lecture de ses textes personnels sur les musiques de
Jean-Jacques Palix, écho des performances lectures qu'elle donne
ponctuellement dans des galeries d'art.
extrait de la lecture - 10' - MP3
interview "images de la culture / CNC / décembre 2012