Jeff Rian & Palix, "EVERGLADE" 2000

Jean-Jacques Palix et Jeff Rian qui signent ensemble ce disque de musique minimale pour guitares, ne sont plus des débutants. Palix, transfuge de Radio France, mixeur-expérimenteur des premières années de Radio Nova, est depuis quinze ans un créateur recherché d'environnements musicaux pour la danse contemporaine. Le label Song Active Production (une dizaine de titres depuis 1990) fédère le posse de musiciens et performers qui gravitent autour du studio de Belleville créé avec Eve Couturier, complice de toujours en aventures sonores. Jeff Rian guitariste américain déjà apparu dans diverses productions tel l'album d'Eve Couturier "Un bruit qui court-E.C#", s'est fait connaître comme critique d'art depuis son arrivée en France.
Co-produit par Song Active Production, Everglade  est le premier disque de la série Purple Records à paraître sous le label Purple émanant du magazine éponyme. Parmi des musiques originales de Sonic Youth, Tortoise, Jim O'Rourke, Tom Verlaine, etc, un titre d'Everglade - Sleep - apparaît dans la compilation-catalogue (livre d'images + CD) accompagnant l'exposition "Elysean Fields" présentée en mai-juin 2000 par le Centre Pompidou.

Jeff Rian et Palix nous plongent d'emblée dans leur univers de sonorités liquides (Everglade), vagues de ferraille éraillée et harmoniques feulées du blues (Friday Morning). Sur une palpitation électro-acoustique (String's Chime), un fragment de mélodie flotte dans un océan de tonalités limpides ou barbelées. Quel est donc ce fantôme d'air folk qui plane sur ce morceau de trois notes (Three O.)? Rêverie électro-acoustique (Sleep), et guitare traitée en nappes vaporeuses et goutes cristallines, rappellent des ambiances à la Jon Hassel. Les guitares prennent des résonnances de gong oriental, de trompes tibétaines, de clochettes chinoises, de gamelan indonésien (40°C). Elles palpitent de fièvre gitane ou jazzy, se souviennent des folklores imaginaires inventés par le rock progressif européen, de Fred Frith à Durutti Column. Si toutes les ressources harmoniques de la slide, entre Bagdad Café et Paris Texas (Swampscape) sont parfois convoquées, de beaux sons sales et des ondoiements psychédéliques sont obtenus avec peu d'effets, la rudesse d'une reverbération saturée, une palpitation de basse organique (Pindex). Mélodie fragile suspendue à un accord, ou sonorités sombres et viscérales, Rian et Palix se délectent de ce qui apparaît une fois essaurés les références stylistiques et codes musicaux existants, jusqu'au dépouillement intégral. La sensation d'espace et l'omniprésence d'un rythme organique concourent à l'élaboration du climat "post-rock" qui impreigne ce disque, les compositeurs s'efforçant d'extraire la quintessence d'une quantité minimale de notes, d'accords et de bruits. Une mélodie naît malgré elle, ou plutôt renaît sous les couches de pathos qui l'étouffaient... Rythmique, mélodique, concassée ou aplatie, la guitare joue de sa plasticité infinie, de ses couleurs innombrables, elle traduit les pulsions les plus instinctives, rebelles à l'écriture, elle contient des univers en expansion ou en réduction. Les compositeurs s'abandonnent aux accidents heureux, aux structures d'accords aléatoires, relâchement d'harmoniques en open tuning, absence de tonalité fixe offrant une totale liberté d'aller et venir jusqu'à des registres proches du jazz. Ils mettent à plat divers vocabulaires qui s'harmonisent dans la dissonance. Dans son approche du son, Palix paraît à la recherche d'une forme de brutalité propre au traitement électro-acoustique. Le studio est l'instrument de la mise à nu comme de l'habillage, l'espace magique qui permet de relier entre eux des univers.

Anaïs Prosaïc - automne 2000

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Amateur de six cordes, à vos instruments!
"Everglade" , album entièrement construit et composé avec des guitares, est le résultat de la rencontre musicale entre Jeff Rian, musicien et écrivain new-yorkais et Jean-Jacques Palix, compositeur de musiques de film et ingénieur du son parisien. L'album mélange les improvisations en direct et les samples travaillés en studio: les distorsions et les bandes à l'envers contribuent à dépeindre un univers sonore unique.
Everglade forme un paysage contrasté fait de sons humides et gorgés d'eau, à l'image du marais du même nom situé en Floride“ expliquent les auteurs dans le livret. Les pointes de blues, augmentées de délicates mélodies asiatiques, forment des repères précieux aux oreilles du néophyte. "Everglade" est une expérience musicale unique.


in "Paris sur Terre"  #5  sept-oct-nov 2000

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Jeff Rian & Palix, transfuges de la hype la plus hype parisienne, tricotent des paysages lascifs à base de guitares et seulement de guitares, les talons enfoncés  dans de multiples pédales et du coton plein les doigts. Proches des disques hors collection de Sonic Youth et des nouvelles tendances néo-zélandaises (la Fender comme mandala), les quinze compositions de "Everglade" s'enroulent avec délice et apaisent les pauvres chichounes débordées que nous sommes. Du new-age pas con au blues millésimé façon Red......

in "Guitar Part"  #80  nov 2000

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